Christophe Chipeaux ; Jean-Christophe Domec ; Cyriane Garrigou ; Denis Loustau.

Contexte et objectif

Les écosystèmes terrestres jouent un rôle essentiel dans la régulation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Ainsi des pratiques de gestion adaptées peuvent à la fois réduire ces émissions et favoriser le stockage du carbone (C).

Dans ce contexte, en France, le développement des énergies renouvelables (bois-énergie, solaires, biocarburants) dans le mix énergétique progresse, bien que contraint par la disponibilité foncière, les conflits d’usage et l’acceptabilité des sites par les citoyens. Parallèlement, les politiques actuelles tendent à limiter drastiquement l’artificialisation du territoire, notamment sur les surfaces agricoles et forestières. Or les projections sur les surfaces à dédier à l’accueil de parcs photovoltaïques au sol dans les scénarios de transition énergétique font état d’un besoin cumulé de surfaces de l’ordre de 30 000 à 40 000 hectares d’ici à 2030. Dans ce contexte, la stratégie d’usage de terrains dégradés, abandonnés et qui n’ont pas ou plus de valeur agronomique, reste privilégiée (friches industrielles, friches militaires, parkings). Alors que des projets d’agrivoltaïsme voient le jour en France sous forme d’expérimentations sur terrain agricole, l’utilisation de surfaces dégradées, parfois polluées, pour implanter des panneaux photovoltaïques pourrait accroître les services écosystémique rendus par la réhabilitation.

L’objectif général de New-FOR-C est de formuler des recommandations pour la mise en place de filières de production de biomasse favorisant le stockage de C à long terme sur des sites développant des techniques alternatives de production d’énergie (bois-énergie, « agrivoltaïsme »). Il cherche à évaluer l’impact environnemental de deux usages en s’appuyant sur deux systèmes innovants localisés sur une ancienne friche industrielle sidérurgique : un taillis à très courte rotation (production de bois-énergie) implanté sur un technosol (sol fortement influencé ou modifié par les activités humaines de nature technique) et sur une ferme solaire (FS). Ces deux systèmes seront comparés à une surface de référence, située sur la même friche.

L’objectif scientifique de New-FOR-C est d’évaluer le potentiel de stockage et de déstockage de C dans la gestion des sols dégradés anthropisés pour ces différents usages. Plus particulièrement pour ISPA :

- produire de nouvelles connaissances sur la caractérisation du C du sol et le cycle du C en milieu fortement anthropisé, avec différentes approches spatio-temporelles,

- évaluer la dynamique du C à court, moyen et long terme par une double approche observation/modélisation,

- réaliser un bilan C à différentes échelles temporelles (journalier, saisonnier, annuel),

- évaluer en parallèle l’évolution de paramètres tels que la biodiversité des sols et de la surface, l’impact de ces systèmes sur le micro-climat (bilan d’énergie et bilan hydrique),

- évaluer la résilience des systèmes mis en place au regard du changement climatique, en vue d’une gestion durable.

New-FOR-C est un projet du programme GRAINE de l'ADEME coordonné par Virginie Moreaux (Burgeap) et incluant pour INRAE ISPA et LSE Nancy (Stéphanie Ouvrard). Emma Lopez (thèse CIFRE, co encadrée par Jean-Christophe Domec et Virginie Moreaux) effectue son doctorat sur ce projet.

Dispositif expérimental

Le projet New-FOR-C se déroulera sur 4 ans et s’appuiera sur deux écosystèmes en place sur un ancien site industriel dans la périphérie de la ville de Caen :

► un démonstrateur d’un taillis à très courte rotation (développé sur un technosol construit à partir de terres excavées),

► un parc photovoltaïque en exploitation, implantée sur un sol fortement dégradé, dont une partie fera l’objet d’une stratégie de re-fonctionnalisation et de végétalisation adaptée.

Le projet est coordonné avec le projet IMPACTS en région Nouvelle-Aquitaine.